COMPRENDRE LES ORIGINES DE LA POLLUTION

La réhabilitation des friches industrielles polluées en milieu urbain est un enjeu de santé publique, qui exige une parfaite connaissance du contexte historique, environnemental, des risques sanitaires, pour apporter des réponses contextualisées aux problématiques locales.

Si l’ancienne usine de la Madrague de Mondredon durant ces différentes phases d’exploitation a constitué une source de pollution  dans le secteur, l’Interprétation de l’État des Milieux a mis en évidence plusieurs autres sources de pollution, autour du site et dans les Calanques constituant le passif industriel historique du secteur.

Durant les deux siècles d’industrialisation des Calanques, des industries antérieures et contemporaines de l’ancienne usine de la Madrague de Montredon ont développé des activités industrielles et des process proches ou identiques de ceux qui ont été pratiqués sur ce site, dans un périmètre d’étude.

Les activités industrielles historiques autour de la Madrague de Montredon les plus notables concernent :

  • Le raffinage des minerais de fer, de plomb de cuivre et de zinc, sur le site de l’Escalette dont l’exutoire du système d’évacuation des fumées était localisé à proximité du site de la Madrague,
  • La production d’acides notamment sulfurique sur les sites de Saména,
  • La fabrication de verre et de cristal sur le site Verminck.

LES SCHÉMAS CONCEPTUELS D’EXPOSITION À L’ÉCHELLE DE LA ZONE

L’Interprétation de l’État des Milieux (IEM), prescrite par la Préfecture, se concentre sur la pollution des environs direct du site. Elle est destinée à évaluer les niveaux de pollution dans l’environnement direct de la friche : sols, eaux superficielles, sédiments, faune marine, air…

L’IEM a permis de repérer différentes sources de pollution, constituée par les usines qui se sont succédé au fil du temps dans le quartier. Elle révèle la présence de plomb et d’arsenic.

À partir de 1874, l’usine Hilarion Roux a procédé à la fabrication de plomb argentifère. Elle fait faillite et ferme ses portes en 1883. Sans ayant droit, la pollution du site devient orpheline et tombe sous la responsabilité de l’État et des autorités compétentes (ADEME). 

L’histoire se répète avec l’usine de l’Escalette. Ouverte en 1851, elle devient également une importante productrice de minerais de plomb, avant de fermer ses portes en 1925, sans ayant droit. La pollution du site devient orpheline et tombe également sous la responsabilité de l’État. 

Le contexte environnemental de la zone a également été étudié afin de définir les voies de transfert dans l’Environnement, en cas de pollution des milieux (au droit des sources précédemment identifiées), ainsi que les cibles pouvant être impactées. Ce travail aboutit à l’établissement des schémas conceptuels d’exposition.

Au regard du passif industriel et des activités industrielles locales, plusieurs schémas conceptuels ont été conçus pour tenir compte de l’évolution dans le temps des sources et des voies de transfert.

Schéma conceptuel d’exposition : étude permettant d’établir un bilan factuel, en vue d’appréhender les relations entre les sources de pollution (Source), les voies de transfert (Transfert) et les enjeux à protéger (Cibles). Le schéma conceptuel d’exposition permet ainsi de définir les milieux environnementaux sur lesquels doivent porter les investigations de terrain (analyses des milieux pertinents).

PRÉSENTATION DES ÉTUDES

Pour amorcer la dépollution durable de l’ancienne usine de la Madrague de Montredon et de son environnement direct, Ginkgo s’appuie sur les résultats de deux études * : une Interprétation de l’État des Milieux (IEM) et un Plan de gestions sur site.

* Suite à l’arrêté préfectoral n°2017-199-PC du 20 septembre 2017 prescrivant à la Société Française des Produits Tartriques Mante (SFPTM) la réalisation d’une Interprétation de l’État des Milieux hors site et d’un Plan de gestion sur site. Ces études reposent sur une méthodologie conforme à la note ministérielle du 19 avril 2017 relative aux sites et sols pollués et ont été menées avec pour base normative le document NF X-31-620 : Qualité du sol – prestations de services relatives aux sites et sols pollués.

L’ÉTUDE D’INTERPRÉTATION DES MILIEUX : UNE ÉTUDE HORS SITE

L’IEM caractérise, selon une démarche itérative et proportionnée la qualité des milieux sols eaux et air  et d’apporte des informations sur la qualité des eaux superficielles terrestres, des sédiments et la faune marine dans l’environnement du site.

Plusieurs phases d’investigations des milieux ont été réalisées avec des outils de diagnostic et d’interprétation innovants spécifiques pour les métaux  (statisitiques, géochimie, paragénèses métalliques et isotopie). Les analyses ont concerné plus de 40 métaux et métalloïdes et l’isotopie du plomb, dans une démarche de traçage et de signature de sources.

L’Interprétation de l’État des Milieux (IEM), réalisée en 2017 et 2018 autour du site de l’emprise foncière de la SFTP Mante dans un rayon de 1 km, repose sur les principes de la Méthodologie Nationale de gestion des sites et sols pollués d’avril 2017, issue du Ministère de l’Environnement. Son exécution et son périmètre ont été définis par arrêté préfectoral.

Bruit de fond, Environnement Local Témoin (ELT)

L’appréciation de l’impact environnemental d’une friche, d’une installation industrielle ou d’un accident technologique nécessite de disposer d’un état de référence des milieux environnementaux.

La politique nationale de gestion des sites et sols pollués traduit cet état de référence sous la notion d’Environnement Local Témoin (ETL). C’est dans ce contexte que la définition de la valeur de l’Environnement Local Témoin (ELT) a été établi dans le cadre de l’étude d’IEM (selon une méthodologie conforme au guide INERIS, “Utilisation de l’Environnement Local Témoin” et à la norme NF EN ISO 19 258 de septembre 2018) et validée par le tiers expert BRGM.

Sur cette base, les analyses du CNRS et du laboratoire EUROFINS, ont permis de mettre en évidence les points suivants :

RÉSULTATS DE L’ETUDE DE L’IEM POUR LE TRACEUR DE PLOMB

Un très faible nombre de parcelles riveraines présente des traceurs du plomb, la pollution est imputable soit à l’activité historique du site, à l’époque de l’usine Hilarion Roux (activité de Fonderie qui utilisait la cheminée rampante) soit au site de l’Escalette, soit à d’autres sources de pollution.

Les indices de pollution aux métaux lourds et métalloïdes retrouvées dans un grand nombre d’échantillons proviennent de remblais (identifiés lors des investigations de terrain), qui ont pu être utilisés dans les constructions et aménagements de la zone, tout au long de son histoire.

POLLUTION DES SOLS RIVERAINS

Pollution des sols riverains

L’étude des sols riverains a permis d’identifier de très nombreux remblais. Ces matériaux d’apport ont été identifiés dans la majorité des échantillons de sols prélevés et analysés. Ces remblais d’origines diverses ont pu être utilisés au cours du temps comme des couches de remblaiement ou de stabilité, des couches de fondations et d’assises de routes, de chemins, de maisons privatives. Ils ont été probablement transportés, réutilisés et recyclés par de nombreux tiers privés ou publics.

POLLUTION DES SOLS DANS LES CALANQUES

L’IEM met en évidence des anomalies en plomb à proximité immédiate de la cheminée haute. Une décroissance des teneurs est à noter en s’éloignant de celle-ci, au profit d’une influence mixte avec l’Escalette, puis prépondérante de l’Escalette dans le secteur ouest.

IMPACT SUR LES MILIEUX MARINS

Les niveaux de pollution au plomb relevés dans l’eau de mer sont très faibles. Ils s’atténuent du bord vers le large et sont potentiellement dus à l’érosion du crassier par les vagues.

L’impact du site de la Madrague sur le milieu marin (eaux, oursins et sédiments) reste modéré à faible, notamment plus faible que les autres stations du littoral étudiées.

QUALITÉ DE L’AIR / ÉTUDE ATMOSUD

L’air respiré autour du site est d’une qualité comparable à celui mesuré sur les sites urbains de référence à Marseille.
L’étude AtmoSud ne met en évidence aucun dépassement des valeurs de référence relatives à la qualité de l’air.

Le rapport de l’étude sera bientôt disponible sur le site d’AtmoSud, en attendant, consulter les mesures permanentes ici.

MESURE DES RISQUES SANITAIRES

L’évaluation des risques sanitaires étudie les risques liés à une exposition par ingestion accidentelle de sols possiblement impactés.

Les résultats indiquent que les teneurs supérieures à l’étude « Bruit de fond, Environnement Local Témoin » (ELT), retenu en arsenic et en plomb ne sont pas compatibles avec l’usage et nécessitent la mise en œuvre de mesures de gestion.

AtmoSud : campagne de surveillance de la qualité de l’air

Dans le cadre de la caractérisation de l’état initial de la qualité de l’air au voisinage de l’ancienne usine de Legré Mante, AtmoSud a réalisé une première campagne de mesures en 2017, puis une seconde campagne d’une année de septembre 2019 à septembre 2020.

Dekra : suivi de la qualité de l’air vis-à-vis des fibres d’amiante

Téléchargez l’ensemble des rapports et la synthèse correspondante.

LE PLAN DE GESTION : UNE ÉTUDE SUR SITE

Le plan de gestion repose sur une démarche permettant d’apprécier la compatibilité de l’état des milieux avec les usages projetés sur site et d’étudier différents scenarios de gestion des milieux reconnus pollués, selon une démarche de bilan « coûts-avantages ». Le plan de gestion repose sur les dispositions de la note ministérielle du 19 avril 2017 (relative aux Sites et Sols Pollués). 

Des investigations de terrain ont été pratiquées par différentes sociétés de 1997 à 2011, avec un total de 105 sondages, qui ont été complétées par la réalisation en 2018 de 90 sondages supplémentaires, ainsi que la caractérisation de la qualité des gaz des sols sur site par ERG. Le plan de gestion du site s’appuie sur plus de 300 analyses de sols et d’eaux des polluants caractéristiques des activités historiques du site ( des polluants organiques et inorganiques volatiles, des polluants organiques et inorganiques non volatiles et des polluants métalliques).

La compilation de tous ces éléments permet de disposer aujourd’hui d’une connaissance approfondie de la qualité des sols et des gaz des sols sur le site.

L’ETUDE DES SOURCES CONCENTRÉES DANS LES SOLS

L’étude des pollutions concentrées dans les sols au droit du site a permis de mettre en évidence les points suivants  :

  • Polluants organiques, Hydrocarbures
  • Polluants inorganiques, Cyanure
  • Polluants éléments traces métalliques, Mercure
  • Polluants éléments traces métalliques : traceurs arsenic et plomb

L’étude des sols montre des teneurs anomaliques en Arsenic et plomb généralisées sur tout le terrain de l’ancienne usine à l’exception de la zone Est. Ces anomalies sont également présentes sous les bâtiments.